Diversification des productions Culture alternative cherche rentabilité pour se développer
Lin, pois, féveroles ou graine de moutarde plutôt que blé ou colza ? Diversifier les cultures permet de préserver l'environnement mais peut aussi rimer avec profits pour les producteurs, à condition de créer de véritables débouchés et des filières organisées.
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Le lin graine, présent sur tout le territoire, a « du mal à se développer », confirme François Bert, responsable de la filière lin à l'Institut du végétal Arvalis. Pourtant, les débouchés sont là : la France importe 600.000 tonnes de graines de lin, essentiellement du Canada. (© Terre-net Média) |
Le lin graine, présent sur tout le territoire, a « du mal à se développer », confirme François Bert, responsable de la filière lin à l'Institut du végétal Arvalis. Pourtant, les débouchés sont là : la France importe 600.000 tonnes de graines de lin, essentiellement du Canada. Or, aujourd'hui, les surfaces françaises qui se situent entre 12.000 et 15.000 hectares pourraient facilement être étendues à 200.000 ha, souligne François Bert.
Mais comment atteindre un seuil de rentabilité si l'on est seul à produire dans son coin ? Pour contrer les difficultés de collecte ou de stockage, l'Inra plaide pour l'instauration de véritables branches organisées, de l'agriculteur à l'industriel en passant par les coopératives et les instituts de recherche et développement. « Il ne suffit pas d'inciter à la production, il faut vraiment travailler sur l'ensemble des filières », insiste Jean-Marc Meynard. Selon lui, au moins deux conditions sont nécessaires à l'émergence de ces filières de niche : la coordination des différents acteurs et l'innovation (variétés, processus de transformation...).
La future Pac favorable à la rotation des cultures
Une recette déjà appliquée par l'Association Moutarde de Bourgogne (Amb) : « sans la recherche, la filière, d'elle-même, n'aurait pas tenu », insiste son président Jérôme Cadet. Aujourd'hui, 5.000 hectares de graine de moutarde sont cultivés en Bourgogne, avec un potentiel de 10.000 hectares, précise Jérôme Cadet.
Au-delà, une intervention des pouvoirs publics permettrait aux filières de niche de dépasser les régions où elles ont vu le jour, indique Jean-Marc Meynard. La future Pac (2014/2020) devrait contenir des aides spécifiques pour les agriculteurs qui s'engagent notamment à la rotation des cultures pour ses bénéfices agronomiques : elle repose le sol et permet ainsi de limiter l'usage des intrants. La culture de lin entraîne par exemple « une amélioration des rendements de blé » plantés après, explique François Bert.
« Dans certaines régions, près d'un tiers des surfaces sont occupées par deux blés d'affilée, d'une récolte à l'autre », note Jean-Marc Meynard : mais « si vous voulez maîtriser les mauvaises herbes, les maladies, mieux vaut que le blé suive un colza, un pois, une luzerne plutôt qu'un autre blé », insiste-t-il. « Si on continue la spécialisation, on va dans le mur », prévient le chercheur. « Des critères de qualités spécifiques reconnus par le marché » doivent aussi être mis en valeur, poursuit-il. Ainsi, les omégas 3 contenus dans le lin constituent un « plus » par rapport à d'autres protéagineux. De son côté, le chanvre présente un intérêt pour l'isolation des bâtiments écologiques. Toutes ces recommandations s'inscrivent dans un contexte de promotion de l'agroécologie et du "produire autrement", dont le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a fait un cheval de bataille.
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